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Description
« REPRODUCTION ARTIFICIELLE ET SUIVI LARVAIRE DU POISSON CHAT CLARIAS GARIEPINUS DANS LA FERME AGROPASTORALE DE MOUEMBE.»
CHAPITRE 1 : REVUE DE LA LITTERATURE
1.1.
Aperçu sur la pisciculture
La pisciculture est l’art d’élever des poissons (Lacroix, 2004). Elle s’occupe des poissons d’eaux douces pour assurer à l’homme une alimentation rationnelle (Yantalo, 2016). La pratique de la pisciculture est très ancienne. C’est probablement l’élevage aquacole le plus ancien (Lacroix, 2004). Elle est née en Chine, il y a plus deux millénaires. Elle s’est développée en Asie de façon harmonieuse et durable en associant assez étroitement aux activités agricoles ce qui permet à cette région de représenter actuellement 85% de la production aquacole mondiale (Symoens et al., 1995 ; Collart et al., 1995). En Europe, la pisciculture a été introduite par des moines au moyen âge. En Amérique du Nord, la pratique piscicole s’est développée au début du vingtième siècle (Lacroix, 2004). A l’échelle mondiale, la production et la demande mondiale du poisson sont en train d’augmenter progressivement, et elles ont été multipliées par cinq en 10 ans (FAO, 2017). La production a augmenté de 39 millions de tonnes en 2010 à 174,1 millions de tonnes en 2016 (FAO, 2017). En plus, sa consommation globale par personne l’année a augmenté d’une moyenne de 9,9 Kg dans les années 1960 à plus de 20 Kg en 2016 (FAO, 2016). En Afrique sub-saharienne, les produits de poissons contribuent en moyenne à 50 % de la consommation en protéine d’origine animale (FAO, 2012). En Afrique, c’est après la seconde guerre mondiale que des tentatives ont été faites pour l’introduire et la développer. Elle connut un début spectaculaire, mais très vite, après les indépendances, de profonds bouleversements conduisent cette activité à une forte régression, qui s’explique également par le manque de personnel d’encadrement et la méconnaissance des espèces utilisées. Au cours de ces dernières années, grâce à des résultats encourageants des recherches effectuées en Afrique sur certaines espèces comme les Tilapia (Carpe), Chrysichtys (Poisson Ministre) et Clarias (Poisson chat), certains gouvernements prennent conscience de l’intérêt de la pisciculture. Le premier objectif de la pisciculture étant
d’améliorer le régime alimentaire et les conditions de vie des populations rurales. On l’envisage aujourd’hui plus comme une activité commerciale entreprise à l’échelle artisanale ou semi industrielle. En Amérique Latine, et dans tout le Proche-Orient, elle est pratiquement à ses débuts, à l’exception d’Israël où la pisciculture est très développée (Lacroix, 2004). Sur le plan de l’apport nutritionnel dans l’alimentation de l’homme, la contribution des poissons reste très peu marginale, quel que soit le continent. Ainsi, les poissons représentent moins de 2% de l’apport calorique moyen journalier de 2880calories/habitant. Quant à la couverture des besoins protéiques de l’homme (environ 20,3 kg/hab/an) (FAO, 2018), si, dans certains pays, les poissons contribuent jusqu’à 50 % de l’apport protéique d’origine animale, en Europe par exemple, cette contribution n’est que de 7 %. Bien que la valeur nutritionnelle du poisson soit bien reconnue, sa contribution réelle à la couverture des besoins en acides gras longs polyinsaturés, qui est de l’ordre de 3 g/habitant/semaine, est également très faible (Kaushik, 2014). Actuellement, parmi plus 300 espèces répertoriées comme étant élevées à travers le monde, seulement moins de 25 espèces représentent plus de 90 % de cette production piscicole dont 50 % de la production étant basée sur seulement 5 espèces. Il convient aussi de reconnaitre que sur le plan mondial, l’essentiel de la pisciculture repose sur les poissons ayant un niveau trophiques faible (dont les cyprinidés qui représentent plus de 60 % de la production). Au cours de ces dix dernières années, l’élevage d’espèces d’origine tropicale comme le Pangasius ou les Tilapia a aussi contribué à l’augmentation de la production et son impact sur le marché mondial des « produits de la mer » est très important. Donc, l’essentiel d’élevage des poissons repose sur des familles ayant un niveau trophique faible notamment les cyprinidés 61%, Cichlidae 9%, Salmonidae 6%, Pangasiidae 4%, Chanidae 2%, Clariidae 2% etlctaluridae 1 % (Kaushik, 2014). Au Congo, la pisciculture a été introduite depuis l’époque coloniale mais elle demeure au stade peu développé. Il se pose encore des contraintes notamment le nanisme chez les tilapias, le manque ou rareté d’alevins de bonne qualité, la non maitrise des techniques d’élevage par les petits pisciculteurs, le manque d’aliments de poissons etc. De nos jours, à côté de l’élevage de Tilapia, se pratique dans une moindre mesure d’élevage de clarias spp. 1.2.
Importance des poissons chats
Les poissons chats sont des poissons potentiellement très intéressants pour une alimentation, car ils peuvent contribuer à apporter des protéines de poissons de haute qualité à une population humaine sans cesse croissante. Ces poissons ont une chair savoureuse, riche en acides gras essentiels, qui répond parfaitement à la demande actuelle d'une alimentation saine. Ces espèces de poisson-chat africain sont des poissons tropicaux caractérisés par leur organe particulier qui leur permet de respirer l'air et donc de survivre dans des conditions naturelles où le taux d'oxygène dissous dans l'eau peut être très bas. Ils ont un régime omnivore,
grossissent vite et convertissent très efficacement leurs aliments en chair. Leur potentiel de croissance est donc énorme (Yantalo, 2016). 1.3.
Importance des poissons chats
L’espèce clarias gariepinus est l’une des espèces les mieux adaptées à la pisciculture en milieu rural en Afrique qui, pendant longtemps, a été dominée par la culture du tilapia (Micha, 1973 ; Pillay, 1990). Elle a été considérée comme une espèce prometteuse de par son taux de croissance élevé, sa bonne résistance aux manipulations, au stress et aux maladies et l’appréciation de sa chair. Les caractéristiques qui font de Clarias gariepinus un excellent candidat pour la pisciculture intensive sont multiples : (1) ses géniteurs produisent de grandes quantités d’oeufs et de sperme toute l’année, (2) il accepte une grande variété d’aliments artificiels bon marché, (3) il supporte des densités élevées en conditions d’élevage et (4) il tolère de mauvaises conditions environnementales (Hecht & al.,1996). Leur capacité à survivre hors de l’eau pendant de longues périodes en font des poissons de choix pour l’aquaculture dans les pays tropicaux (Pillay, 1990). On observe un intérêt croissant pour sa culture. Cependant, la production issue des captures en milieu naturel en 2016 représentait 90,9 tonnes, alors l’aquaculture n’en produisait que 80,0 tonnes (FAO, 2018). Des conditions de température appropriées représentent le facteur le plus important pour sa culture, particulièrement lors de la période de croissance en bassins. L’élevage de Clarias en grossissement en bassins extérieurs n’est dès lors rendue possible, dans certains pays européens, que durant la période estivale (Adamek et al., 1995).Le poisson chat africain est fort apprécié en Afrique et atteint des prix élevés sur les marchés des grandes villes (2 à 3 Euro/Kg) (Ducarme et al., 2003). 1.4.
Systématique
C. gariepinus est l’un des poissons chat, cette dénomination désigne communément les représentants de l’ordre des siluriformes, ceux-ci devant leur appellation de poissons chat à la présence de barbillons au niveau de leurs mâchoires (proue, 1974). Le Clarias gariepinus appartient à : Règne : Animal Embranchement : Cordés Sous embranchement : vertébrés Super-classe : Ostéichtyens Classe : Actinoptérygiens Ordre : Siluriformes Famille : Clariidae Genre : Clarias Espèce : Clarias gariepinus (Poll et Gross, 1995) Nom commun : poisson-chat africain
1.5.
Morphologie
Le clarias gariepinus (Burchell, 1822) se caractérise par une tête plate et large, un corps allongé et nu (sans écailles), sa peau est couverte de mucus, cette peau est pigmentée de noir sur la partie dorsale et latérale du corps. Il possède de longues nageoires dorsales (toujours sans épine) et anale. La nageoire pectorale possède une forte épine (figure 1). Il a 4 paires de barbillons péribuccaux. Il possède un appareil supra branchial formé par des structures arborescentes, aux parois fortement vascularisées, originaires de la deuxième et de la quatrième épi branchies, qui lui permet de respirer l’air atmosphérique (Das et al.,1996). Cette adaptation physiologique à vivre dans des milieux limités en eau se traduit également par son aptitude à excréter une plus grande quantité d’azote sous forme d’urée plutôt que d’ammoniaque (Clay, 1981). Il est par ailleurs capable de se déplacer d’un point d’eau à l’autre en utilisant ses épines pectorales et en effectuant des mouvements sinueux avec son corps (Teugels, 1996). 1.6.
Ecologie de Clarias gariepinus
L’espèce vit dans une très large gamme des eaux continentales, elle est généralement dans les eaux calmes des lacs et des étangs, etc. Mais elle peut être aussi observée dans les rivières et rapides. Elle est fortement tolérante à des conditions environnementales extrêmes. La température optimale de croissance pour cette espèce se situe entre 26 et 30 °C (Baras et al., 2002). Les meilleures valeurs du pH en aquaculture sont celles situées entre 6,5 et 9 (Kanangire, 2001). D’autres auteurs ont signalé que la valeur optimale de pH pour cette espèce est de 7 (Viveen et al., 1985), selon l’Institut des Standards Indien [ISI], (1974) les pH varient entre 6 et 8,5 ou 6,5 et 9,0 selon (Hepher et al.,1981). En définitive, le Clarias gariepinus survit et se développe mieux dans des eaux dont le pH est compris entre 6 et 9. Si le pH est en dehors de cette plage, la croissance du poisson est réduite. Des valeurs inférieures à 4,5 ou supérieures à 10 entraînent des mortalités (Viveen et al., 1985). Le Clarias gariepinus fait partie des poissons qui fouillent la vase du fond de l'eau pour en extraire les débris végétaux, larves d'insectes, graines et détritus animaux. En milieu naturel le Clarias gariepinus se nourrit de zooplancton, d'insectes, d'organismes benthiques ainsi que d'autres proies animales aquatiques telles que les grenouilles, les gastéropodes, les crevettes, les crabes, etc., mais sa nourriture essentielle demeure le poisson (Micha, 1973). 1.7.
Biologie de Clarias gariepinus
Le clarias gariepinus atteint la maturité sexuelle à l’âge de 2 ou 3 ans pour une taille qui varie fortement en fonction des conditions environnementales (température, régime alimentaire, etc.) de son milieu de vie, celle-ci pouvant aller de 15 à 75 cm selon les auteurs (Clay, 1979 ; Pillay, 1990; Hecht, 1996 ;). Cette espèce présente le dimorphisme sexuel au niveau des organes génitaux externes (Legendre et al., 1996). La période de frai de Clarias gariepinus commence avec la saison des pluies estivales et s’accomplit dans des zones inondées en bordure de lacs ou d’eaux calmes (Goos et al., 1996). La maturation des gonades est associée à la montée des eaux et à l'augmentation de la température et de la photopériode (Clay, 1979). Les adultes ne restent sexuellement mûrs que durant une courte période. Chez les Clariidae, la ponte nécessite des eaux aux températures suffisamment élevées, le dernier stimulus de la ponte étant associé à la montée des eaux et l’inondation des zones marginales (Viveen et al., 1985 ; Clay, 1979). Plusieurs frais peuvent se produire la même année à quelques semaines d’intervalle, bien que certains démentent cette affirmation (Pillay, 1990). Les cas de ponte unique sont probablement dus à des conditions environnementales qui restreignent la reproduction à une seule ponte (Clay, 1979). Une fois fécondés, les oeufs sont éparpillés et adhèrent à la végétation grâce à leur disque d’attachement (Riehl et al., 1991). Il n’y a pas de garde parentale des oeufs qui éclosent après 24 à 36 heures suivant la température de l’eau (Viveen et al., 1985). 1.8.
Système urogénital
Chez les deux sexes de clarias gariepinus, l'ouverture urogénitale est située sur une papille localisée juste derrière l'anus. Le mâle adulte se distingue de la femelle par une papille localisée juste derrière l'anus. Le mâle adulte se distingue de la femelle par une papille allongée se prolongeant vers l'arrière. Chez la femelle, la papille a la forme d'une éminence ovale. Les fingerling n'ont pas encore de développement de la papille (Viveen et al, 1990). 1.9.
Distribution géographique
Clarias gariepinus, généralement considéré comme l'une des espèces de poissons. Chats tropicaux les plus importantes pour l'aquaculture, a une distribution panafricaine, s'étendant du Nil en Afrique occidentale et de l'Algérie en Afrique Australe. Elle a été décrite dans le Nord et centre de l'Afrique sous le nom de clarias lazera, dans la région orientale sous celui de clarias mossambicus et dans la partie méridionale comme
clarias gariepinus. Pour Viveen et al (1990), il s'agit dans toutes ces régions d'une seule espèce, clarias gariepinus. 1.10.
Reproduction
La maturité sexuelle chez Clarias gariepinus s'étale en Centre Afrique sur la période d'avril à décembre avec un maximum de géniteurs gravides pendant le mois de juillet jusqu'au mois d'octobre, par contre, aux mois de novembre et décembre on constate une décrue rapide(Micha, 1973).Dans des conditions normales, la reproduction naturelle des Clarias s’effectue en saison des pluies; elle est influencée par les changements de température et de conductivité de l’eau, les changements de photopériode(durée relative du jour et de la nuit) et une montée du niveau d’eau favorisée par les crues, ces stimuli sont des facteurs qui déclenchent la ponte, la ponte s'effectue généralement pendant la nuit à des endroits ou l'eau est peu profonde(PRODEFA,2012).La détermination de modification anatomophysiologique impliquée dans la ponte est d'ordre neuroendocrinien, associant des rythmes endogènes (horloge biologique) d'activités glandulaires à des stimulations sensorielles d'origine externe (environnement)(in Bruslé et Quignard, 2004).La gonade qui provoque une réaction des différentes parties du cerveau impliquées dans le processus de reproduction(hypothalamus, puis hypophyse) qui mènent au relâchement des hormones de maturation finale des ovules(PRODEFA, 2012),donc la reproduction est sous le contrôle de l'axe cerveauhypophyse-gonade(in Lévêque et Paugy,2006). 1.11.
Reproduction artificielle avec traitement hormonal
La sélection des femelles à induire est faite sur la base de l'homogénéité de taille des ovules et de leur diamètre, généralement entre 1.4 et 1.6mm.La reproduction avec traitement hormonal comprend le choix de l'hormone, la dose à injecter, le stripping (collecte des œufs par pression abdominale), la fécondation in vitro et l'incubation des œufs (Gilles et al., 2001). Différentes hormones dont HCG, LH, DOCA ou Ovaprim® sont couramment utilisée en intramusculaire ou en sous-cutané, pour induire la maturation finale ou l'ovulation chez les femelles de Clarias, on obtiennent 100% d'ovulation après une seule injection de HCG à la dose optimale de 1.5 UI g-1 (Otémé et al.,1996).Le choix de cette hormone (HCG) s'impose non seulement par son activité et sa conservation facile, mais surtout par sa disponibilité(Adebayo & Fagbenro, 2004).Les ovules arrivent à maturité après 11h00à 15h00heures d'injection (à une température environ 28 C°), en suite sont extraites par pression abdominale(stripping) et fertilisées avec le sperme d'un male mature. Ce sperme est
généralement obtenu après sacrifice et dissection du mâle, puis incision des testicules (Imorou Toko, 2007).La quantité de semence ainsi obtenue, bien que variable selon les individus (0.2 à 25ml), et généralement suffisante pour féconder plusieurs centaines de milliers d'ovules (Viveen et al.,1985 ; Gilles et al.,2001). 1.12.
Régime alimentaire
Les rares études effectuées sur les besoins nutritionnels de C. gariepinus, ont montré une similitude dans couverture des besoins généraux de ce poisson ; notamment en protéines (36 à42%),en lipides (4 à 20%) ou bien en énergie brute (11 à 18kj/g)(Fig.07et 08) (Guillaume et al., 1999 ; Hardy et Barrows, 2002).Les poissons chats mangent presque tout ce qu'ils trouvent, mais ils montrent une légère préférence pour les petits poissons (mesurant jusqu'à 30% de la longueur de leur corps)et pour le matériel qui se trouve au fond de l'étang comme la matière végétale (Van Eer, 2004) . L'espèce Clarias gariepinus a des habitudes alimentaires nocturnes (in
Hossin etal.,1998)avec un régime omnivore (Corbet,1961;Sanogo,2012),
l’adulte est ichtyophage, les jeunes sont plancton phages (Le Berre, 1989)